Étudiantes en terrain miné
Débat autour des violences sexistes et sexuelles à l’université
Résumé
Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes et dans le cadre du Mois du film documentaire, en partenariat avec la Mission égalité de l’Université Rennes 2.
Débat autour des violences sexistes et sexuelles à l’université suite à la diffusion du court-métrage J’ai creusé dans mes cendres d’Enora Keller et du documentaire Étudiantes en terrain miné de Charlotte Espel.
J’ai creusé dans mes cendres
Court métrage d’Enora Keller (2 min. 40)
Une femme retourne plusieurs années après ses études dans son ancienne université et dénonce la culture du viol.
Étudiantes en terrain miné
Documentaire de Charlotte Espel (52 min.)
Si les étudiantes sont cinq fois plus victimes de violences sexistes et sexuelles que la moyenne des femmes, l’université serait-elle un terrain miné ?
Étudiantes en terrain miné donne la parole à cinq étudiantes ou doctorantes, victimes de harcèlement ou de viol, qui se battent pour que ces violences ne soient plus passées sous silence. Il suit aussi des associations qui tentent de briser l’omerta et porte un éclairage cru sur les dérives dans le monde de la recherche.
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Transcription
Bonsoir à tous et à tout
et merci de votre présence
pour ce Mardi de l’Égali
en ce 25 novemb
journée internationale pour l’éliminati
des violences faites aux femmes
et aux minorités de genr
Je remercie également
toutes celles et ceux qui contribue
pour une très large part à la bonne tenue
et à la réussite de cette soiré
Je rappelle que cette soirée est filmée
et qu’elle sera mise en lig
dans quelques jours sur l’aire d’u
ainsi que sur notre chaîne Youtube
Alors cette journée nous rappelle
que derrière les chiffre
derrière les rapports
il y a des personne
des parcours bouleversé
des expériences
souvent difficiles à formule
et qui méritent d’être entendues
Ce qui est vécu individuellemen
fait aussi écho à des réalités partagée
et c’est en cela
que témoigner est important
Car c’est aussi un vecteur puissant
de soins et de réparations collectives
En tant qu’universit
notre responsabilité
est clairement définie
Informer, protéger, accompagner
et adapter nos pratique
afin de garantinr à chacune et chacu
un environnement d’études
et de travail sûr, digne et respectueux
Ce soir nous ouvrons
un espace qui est nécessair
un espace de réflexio
de partage et d’écoute
autour des violences sexistes et sexuelle
dans l’enseignement supérieur
y compris dans notre institution
Porter un regard critique sur nous-mêmes
est un exercice exigean
parfois inconfortable mais indispensable
si nous voulons mieux accueilli
mieux former
les collègues en première lign
et mieux soutenir
les personnes victimes
C’est cela,
l’ambition politique que nous portons
Renforcer notre capacité collective
à agir réellement contre les VS
et plus largement contre toutes les formes
de violence et de discrimination
Restons lucides toutefois
Malgré notre détermination,
un écart persiste entre les moyen
dont nous disposon
et l’ampleur des actions
qu’il faudrait mener
Nous connaissons ces limites,
nous entendons les critique
et c’est précisément pour cela
que chaque moment comme celui-ci compte
Chaque mobilisation, chaque échange,
chaque prise de conscienc
nourrit notre capacité
à faire évoluer nos pratique
à consolider nos outil
à construire des alliances et à pese
pour que ces enjeux soient vraiment
mis à l’agenda politique national
Et surtout
rappeler que l’égalité ne dépend pas
d’initiatives individuelles
Elle avance grâce au collecti
à un travail organisé,
rigoureux et durable
Alors la soirée va s’articuler
autour de deux temps forts
Tout d’abord
la projection du court-métrage
J’ai creusé dans mes cendres
d’Enora Kelle
qui est présente à nos côtés ce soir
Dans ce fil
elle le présentera bien mieux que mo
on suit une femme qui plusieurs années
après la fin de ses étude
revient dans son université
pour dénoncer la culture du viol
Ce film constitue
un point de départ puissan
pour la discussion à venir
Dans un deuxième temps, nous projetterons
le documentaire de Charlotte Espel
Étudiantes en terrain miné
À l’issue de ce film
nous retrouverons Enor
ainsi que Joséphine
du collectif féministe CLASCHES
Joséphine présentera
les actions du collecti
réagira au film
et échangera avec vous
Leur regard et leurs expériences
à toutes deu
éclaireront les défis mis en lumière
par les deux projections
Petit avertissement, toutefois
Il est possible
qu’il y ait des éléments ce soi
qui soient impactants
pour les personnes dans la salle
Alors, sentez-vous libre de sortir
de prendre un temps, de reveni
de venir vers nous après
pour échanger si vous le désirez
Je conclurai en disant
que notre mobilisation doit être continu
collective et concrète
Proposer des temps comme aujourd’hui
est essentie
mais veiller
à la transformation structurell
de nos pratiques et de nos procédures
l’est tout autant
C’est moins visible, plus long
et plus exigean
mais c’est ce cap que nous devons tenir
et sur lequel nous travaillons
Je vous remercie et je cède la parole
à Enora Keller pour sa présentation
[applaudissements
Bonsoir
Donc
je présente ce court-métrage,
vraiment très court et qui s’appell
J’ai creusé dans mes cendres
que j’ai réalisé en 202
qui a été très peu projeté
et qui n’a pas été pris dans les festival
il a donc été projeté
dans des lieux très alternatif
et notamment dans des projection
où il accompagnait le film de Charlotte
dans des universités
Et je suis très contente
qu’il puisse être v
et je trouve qu’il va très bien
avec le film de Charlott
dans le sens où mon travail
est beaucoup plus abstrait
beaucoup plus dans le non-di
et expérimental, on va dire
Ce qui n’est pas forcément
hyper accessibl
mais je trouve qu’en complément
d’un travail télé-documentair
comme le fait super bien Charlott
ça fonctionne vraiment bien ensemble
Et j’ai la chance d’être sur…
on est plusieurs anciennes étudiantes
à avoir témoigné dans le film de Charlotte
et je suis sur l’affiche,
alors je suis contente.
Voilà, donc Charlotte et moi,
on est devenues amies
après que j’aie témoigné dans son film.
Et au début, j’allais bénévolement
dans les universités
puis maintenant
je me fais payer parce que…
je pense que le travail d’artistes
et de femmes artistes
la précarisation, et caetera.
Je pense que quand on est militante,
artiste et qu’on produit des œuvres
c’est bien un peu normal à 35 ans
de parfois gagner son pain.
Donc je suis vraiment contente
et j’ai beau ne pas avoir eu
de réparation en justice
de réparation
de la part de mon université d’origine
les projections que j’ai faites
les échanges avec les personnes
dans les universités
ça a été une partie de ma réparation.
Et je souhaite à toutes les victimes
une réparation.
Alors bonjour à tous et à toutes
merci d’abord aux organisatrices
d’avoir organisé cette soirée
et d’avoir permis de projeter
le court-métrage et le film
de nous permettre d’expliquer un peu
et de revenir sur les choses
que vous avez vues.
Moi je vais commencer
par vous présenter le CLASCHES
un très bel acronyme qui signifie
le Collectif de lutte antisexiste
contre le harcèlement sexuel
dans l’enseignement supérieur.
Donc vous avez eu
des militants et militantes
qui vous ont présenté un peu
à quoi ressemblait ce collectif
qui a 20 ans d’existence.
C’est un collectif qui s’est fondé
autour d’un fait de harcèlement sexuel
que subissait une doctorante
de la part de son directeur de thèse.
Ce collectif de soutien s’est donc monté
autour de cette affaire-là
sachant que ce schéma
ça a été précisé dans le documentaire
le schéma des violences
qu’un directeur de thèse
ou une personne
en situation d’encadrement
exercerait sur sa doctorante
ou sa masterante
est la situation
pour laquelle on est le plus contacté.
On était d’abord un collectif
de soutien au début des années 2000
puis petit à petit
on est devenu une association loi 1901.
On rassemble tous les statuts
dans l’enseignement supérieur
et la recherche.
Nos militants et militantes
sont doctorants, doctorantes
post-doctorants
personnels de bibliothèque
enseignants-chercheurs
et chercheuses titulaires…
à peu près tous les statuts.
Ce qu’il faut savoir c’est qu’actuellement
on a trois grandes missions.
Une première mission,
celle de visibiliser
de dire que ces violences existent
dans l’enseignement supérieur
et la recherche
et un documentaire comme celui-ci
permet de le montrer.
Quand j’ai commencé à militer
il y a huit ans.
on nous disait :
« Ici, ça n’existe pas. »
Si vous avez vu nos campagnes d’affichage…
on a des campagnes
où l’on reprend les principaux stéréotypes
qui invisibilisent ces violences
« Elle n’a qu’à s’habiller autrement. »
« C’est juste une blague. »
« C’est juste un séducteur. »
L’affiche qui avait le plus de succès
c’était « Ici, ça n’existe pas »
car on avait l’idée que les violences
sexuelles ou sexistes s’arrêtait
que c’était un truc des entreprises
par exemple, du monde du privé…
et qu’à l’université ça n’existait pas
parce que c’était un monde
de personnes instruites
qui faisaient des études
et qu’on était un peu préservés
de ce type de violence-là.
Donc notre premier objectif
a été de visibiliser
et de dire que oui, ça existe.
La force d’un collectif comme le nôtre
et on peut ne pas être d’accord
avec ce prisme d’analyse
c’est d’être est un collectif féministe.
On revendique le fait
que ces violences sont inscrites
dans des rapports de pouvoirs
entre les hommes et les femmes…
en particulier, on parlera aussi
des minorités de genre
qu’elles s’intercalent des fois
avec d’autres rapports de pouvoirs
des rapports de races par exemple.
Donc on voit que beaucoup de violences
auxquelles on est confrontés sont aussi
une composante raciste par exemple.
Ça s’intercale dans des rapports
de pouvoirs donc quand on nous dit :
« Ah mais en fait ce que vous décrivez
c’est le fait de pervers narcissiques…
ou d’individus déviants »
c’est pas notre prisme d’analyse.
On pense que c’est systématiquement
des personnes en situation de pouvoir
qui cumulent des pouvoirs
et exercent des violences
sur des personnes
qui sont hiérarchiquement
inférieures à elles.
Je parle de hiérarchie
professionnelle et scientifique.
Il y a plein de formes
de rapports de pouvoirs.
On a donc cette mission de visibilisation
puis une deuxième mission de formation
on se déplace dans les établissements
d’enseignement supérieur et de recherche
et on explique quelles formes
peuvent prendre ces violences
comment elles peuvent être invisibilisées
comment on peut réagir
quand on est témoin ou victime
et quelles procédures
on peut mettre en œuvre
que ce soit des procédures pénales
avec toutes les réserves
qu’il y a par rapport à celles-ci
je pense qu’on pourra y revenir
mais aussi des procédures disciplinaires
qui concernent donc l’établissement
sont engagées par ce dernier
et permettent de traiter les violences
au sein de cet établissement
et celles que l’on préfère.
Pourquoi ?
Pas par lubie personnelle.
D’une part, car elles sont plus rapides
d’autre part
car elles ne sont pas coûteuses
alors que le pénal si.
Troisièmement, un objectif important
c’est qu’elles correspondent
à ce que veulent les victimes.
Souvent les victimes se fichent de savoir
si la personne aura tant d’amendes
ou telle peine de prison.
Elles veulent pouvoir continuer leur thèse
continuer à étudier
retourner dans leur laboratoire
pour pouvoir faire leur recherche.
Et donc ça, les procédures disciplinaires
permettent de le faire.
C’est pour ça qu’on les valorise.
Elles ont un objectif politique important
qui est de permettre à l’institution
de prendre en charge ces violences.
Pour nous ces rapports de pouvoirs
sont produits par l’institution
Donc dès lors que l’institution,
l’université produit ces violences
elle doit pouvoir les prévenir
et aussi les traiter
donc donner réparation aux victimes
et condamner les agresseurs.
On a cette mission de formation
on se déplace dans les établissements
on explique ce que sont
les violences sexuelles ou sexistes
les formes qu’elles prennent
et comment lutter.
Ça nécessite de bien connaître le milieu
de l’enseignement supérieur
et de la recherche
parce que même si c’est le même schéma
qui se joue dans presque chaque filière
chacune a un peu
l’impression d’être spécifique
d’avoir ses propres spécificités.
Ce sont toujours des mécanismes
d’invisibilisation de ces violences
qui se cachent et qu’il faut révéler.
Je prends l’exemple
de la déformation récente qu’on a faite
en institut de formation
de kiné ou d’ostéo
on nous dit « mais vous savez
il y a des contacts avec les corps.
Il faut pouvoir montrer
certaines manipulations.
Donc c’est normal de toucher les corps
et d’avoir des propos
ou des gestes pouvant être perçus
comme sexualisants. »
En sciences humaines et sociales
ou en sociologie, on nous dit :
« On connait bien
les rapports de genre.
On sait tout ça,
il ne peut pas y avoir de ça chez nous
car on connait les rapports de genre
et les rapports de classe.
Ce type de violences ne peut pas exister
car on a l’habitude de les penser. »
En arts plastiques, l’étudiante
que vous avez vu le décrivait très bien
on a l’idée de devoir
transgresser la norme
aller un peu au-delà.
Il faut parfois
montrer des corps nus
jouer avec la sexualité,
avec des choses dérangeantes.
Il n’y a pas de violence
seulement une transgression,
des manières de faire de l’art.
En santé et en médecine on nous dit :
« Oui, il y a des violences
mais il s’agit d’un grand professeur
qui sauve des vies
spécialiste de cette technique opératoire
spécialiste de cette pathologie.
Comprenez que si on l’écarte du CHU
il n’y a plus personne
pour prendre en charge les patients
ce qui est dommage pour eux. »
On a donc plein de mécanismes
qui font que ces violences se perpétuent.
On a une deuxième grande mission
celle de plaidoyer
pour lequel on se rend…
Notre principal interlocuteur
est notre ministre de tutelle
donc
l’enseignement supérieur et la recherche.
On explique comment on pourrait faire
et ce qu’on voudrait voir aménagé
dans ces procédures.
Pour le pénal,
on a peu de prise là-dessus.
Pour le disciplinaire, un peu plus
car il est régi par des codes
qui peuvent être changés
parce que c’est un droit
très jurisprudentiel.
Quand une université prend une décision
on peut s’en servir
pour en prendre d’autres.
Donc prendre des décisions
plus encourageantes.
C’est possible petit à petit,
avec ce travail de fourmis
de rendre les procédures
plus favorables aux victimes.
Là aussi, on pourra y revenir.
Actuellement, les procédures
leur sont très défavorables.
Même si ça change
que les agresseurs
sont un peu plus sanctionnés
la plupart du temps
vous l’avez vu, quand Cynthia explique
le déroulé
de la procédure disciplinaire à Toulouse
contre les deux enseignants
en arts plastiques
Elle explique qu’elle a dû
collecter les témoignages
les amener à la commission d’enquête,
re-témoigner devant le CNESER.
Ça a été très long en termes de temps,
ça demande une très forte mobilisation.
On se demande :
« Pourquoi c’est aux victimes
de faire tout ça ? »
On ne le voit pas forcément
dans le documentaire
mais ensuite
quand la procédure se déroule
les victimes sont tenues à l’écart
de cette procédure-là.
Elles sont donc obligées
de donner énormément
de donner des témoignages
qui les engagent
avec un risque très fort de représailles.
Pour déboucher ensuite sur une procédure
sur laquelle
elles n’ont presque plus aucune prise
avec une sanction
parfois très faible qui est arrêtée.
On a donc
cette mission de plaidoyer
et une troisième mission,
l’accompagnement des victimes.
Des personnes nous contactent
via notre formulaire, via notre mail
et nous disent :
« Voilà ce qui m’est arrivé,
ce que j’ai vu, ce qu’on m’a rapporté.
Qu’est ce que je peux faire ?
Comment agir ? »
On accompagne tout type de personnes.
Donc, n’hésitez pas à nous contacter.
Ça peut aller de l’étudiante
victime de faits de viols
de la part d’un camarade de classe
et qui dit : « Moi je veux juste
retourner en cours sans le croiser.
Je voudrais poursuivre ma licence,
arriver jusqu’au bout et la valider
mais je ne veux plus le croiser. »
D’autres étudiantes nous disent :
« Je veux poursuivre ma thèse.
Je veux attendre qu’elle se déroule
la soutenir et après,
engager une procédure disciplinaire
contre mon directeur de thèse. »
Ça peut aussi être
un enseignant-chercheur qui dit :
« À la fin de mon cours
une étudiante de licence
est venue me voir
et m’a fait part de violences
ayant lieu dans les soirées étudiantes.
Qu’est-ce que je peux faire ?
Mettre en place ?
Comment l’accompagner ? »
Nous, on prend le temps
d’accompagner toutes ces personnes.
Comme l’a dit la militante
dans le reportage
on ne fait pas
d’accompagnement juridique
ni psychologique.
Par contre, on oriente systématiquement.
C’est-à-dire qu’on présente
l’ensemble des solutions possibles.
Et après, on peut accompagner
les personnes dans les démarches.
« Pas d’accompagnement juridique »
n’est pas tout à fait vrai.
C’est le cas pour le pénal
on ne fait pas
d’accompagnement au pénal.
Pour le disciplinaire
ce sont des procédures qu’on connaît bien
donc on est prêt à s’engager
dans le bras de fer
avec les établissements quand il le faut
pour que ces procédures aboutissent
et que les victimes obtiennent
une sanction contre leur agresseur.
Une dernière chose qu’il faut préciser
sur la question de l’anonymat.
Peut-être que c’était un peu surprenant.
Vous avez vu des militantes
à visage découvert qui donnaient leur nom.
Pour les personnes militantes
présentes pour le CLASCHES
on ne voit pas leur visage,
leur voix est légèrement modifiée
et on n’a pas leur prénom.
Vous avez mon prénom ce soir,
mais pas mon nom de famille.
Cet anonymat est une règle
très importante pour nous
pour une question d’égalité
dans le militantisme.
Car quand des hommes militants
prennent la parole
et se disent membre
d’un collectif féministe
ils récoltent des lauriers
et la gloire
d’être des hommes déconstruits
qui s’engagent aux côtés des femmes.
Pour certaines femmes
seules dans leur laboratoire
à être engagées
dans un collectif féministe
il y avait un backlash évident.
C’était impossible de le dire
sinon ça se retournait contre elles.
La semaine dernière,
j’ai accompagné une étudiante en santé.
Elle disait :
« Je suis victime de violences
car les gens savent
que je suis dans un collectif féministe.
Quand j’ai dit
que j’étais dans ce collectif féministe
j’ai commencé à avoir
des railleries, des moqueries
et on s’en prenait systématiquement à moi
sur mon engagement féministe. »
Finalement, les violences
viennent de là.
On adopte cette position d’anonymat
par souci d’égalité
mais surtout pour se protéger
du risque juridique
qui est extrêmement fort.
Quand j’ai commencé à militer
il y a huit ans
on n’avait pas ce risque juridique.
Les agresseurs nous disaient :
« Je vais porter plainte,
vous allez voir ! »
C’était un peu le leitmotiv
mais ils ne mettaient jamais
leurs menaces à exécution.
Là, depuis quelques années
depuis deux ou trois ans
ces plaintes se multiplient
il y a donc un vrai risque juridique
et c’est pour ça qu’on essaye au maximum
de conserver cet anonymat.
Quand je vous dis « risque juridique »
la semaine prochaine,
je vais au tribunal correctionnel
et encore une fois celle d’après
pour représenter le CLASCHES
à la 17e chambre
pour des audiences en diffamation.
C’est un vrai risque
qui existe maintenant
et qui fait partie
d’une tendance plus globale de backlash
contre les collectifs féministes
en particulier.
Voilà pour la présentation.
S’il y a des éléments,
je pourrais y revenir après.
[applaudissements]
Alors, moi, je ne vous vois pas
mais si jamais il y a des questions
ou des remarques
sur des éléments du documentaire
ou du court-métrage
qui vous ont interpellés
des choses auxquelles
vous vous attendiez
d’autres qui vous semblaient
plus surprenantes
n’hésitez pas.
On a deux micros
qui circulent dans la salle.
Là, ici.
Bonsoir, vous avez parlé de…
des gens qui portent
plainte pour diffamation
et de quand vous avez
posté une lettre ouverte.
Je me demandais s’ils pouvaient
porter plainte lorsqu’il y avait des…
qu’ils essayaient…
qu’il y avait des…
des gens qui les attaquaient
non pas au pénal
mais pour des sanctions disciplinaires.
Peuvent-ils aussi porter plainte
pour diffamation ?
Dans le cas des victimes
qui témoigneraient…
l’agresseur peut porter plainte
en diffamation
lorsque leur parole est très publique
pour des victimes qui témoignent
aussi sur les réseaux sociaux.
Là, il y a un vrai risque.
Quand c’est dans le cadre
de la procédure disciplinaire
les seules plaintes pouvant être engagées
sont celles en dénonciation calomnieuse
donc des plaintes engagées
car on témoigne auprès d’une autorité
capable de sanctionner.
Ça existe.
Le risque est très faible
mais ça ne veut pas dire qu’il est nul.
Il est faible
et on s’assure qu’il soit faible
dès que la procédure est ouverte.
Dès lors que la victime va témoigner
dans une procédure
soit après que l’université
a reçu les témoignages
et mène une enquête
ça veut dire que le témoignage
a été jugé comme crédible.
À partir de ce moment,
les victimes sont un peu protégées.
Par contre, pour leur parole publique
elles ne le sont pas du tout
et elles sont exposées
aux mêmes risques que nous
collectif féministe
qui portons leur parole
ou elles qui témoignent directement.
On a aussi des victimes…
qui sont poursuivies pour diffamation
car elles ont dénoncé des faits
car elles ont témoigné
dans une procédure
mais peuvent
avoir participé à des collages
ou à des formes de visibilisation
de certains témoignages.
Il y avait ça autour du 8 mars
dans certaines universités
où elles ont la possibilité
de glisser leur témoignage
sur un tableau d’affichage par exemple.
On a certains agresseurs qui ont dit :
« Je me suis reconnu dans son témoignage.
J’estime à ce titre-là
qu’il y a diffamation et porte plainte. »
Ça ne veut pas dire
qu’elles sont condamnées.
Nous, on a été relaxés.
On a de bonnes chances
de gagner les procès qui vont suivre
mais c’est quand même pénible.
C’est de l’argent, c’est une procédure
qui s’étend sur plusieurs années
donc ça fait peur.
On comprend aussi qu’elles aient
de moins en moins envie de témoigner.
Voilà.
Oui.
Sur les plaintes en diffamation
des procédures, je n’ai rien à dire.
Mais j’ai eu envie de dire un truc
tout à l’heure, quand tu parlais.
Quand j’avais écrit au directeur
de mon département
donc six ans après avoir fini mon master.
Je lui ai expliqué qu’il y avait
un problème de culture du viol
au sein du département Théâtre
que c’était systémique,
qu’il devait faire quelque chose.
Il m’a expliqué
qu’il n’y avait pas de culture du viol
dans le département
et au sein de l’université
parce que l’université est humaniste
et que ça n’avait rien à voir
avec Sciences Po ou l’université
Parce que…
Il m’a aussi dit que les soirées
à l’extérieur de l’université
tout ce qu’il s’y passait ne relevait pas
de la responsabilité de l’université.
Bien sûr, tout ce qu’il a dit est faux.
Je trouve ça très grave qu’on puisse
être directeur d’un département
et avoir des propos comme ça.
C’était vers 2020 ou 2021.
Alors que…
tout le monde est censé
être un minimum formé à ces choses-là.
Et…
je me suis sentie assez violentée par ça.
Surtout que je lui avais trouvé
plusieurs victimes
donc au début il me disait…
J’ai eu trois victimes
dans mon université d’origine
trois agresseurs, pardon
[rire]
dont deux au sein du département Théâtre
qui étaient des camarades d’études
et en plus, je lui ai trouvé
d’autres personnes du département
qui ont été victimes d’autres agresseurs
qui venaient aussi de la fac
ou du département.
Et…
La cellule d’écoute
m’a aussi envoyée bouler
car je n’étais plus étudiante.
Et quand, enfin, j’ai trouvé moi-même
[rire]
une deuxième victime
de l’un de mes trois agresseurs
là, la cellule d’écoute
a décidé que je ne mentais peut-être pas
et m’a accordé une petite interview.
C’est peut-être aussi parce que…
je n’arrêtais pas
de les dénoncer sur les réseaux
qu’elle a voulu se donner le bon rôle
et qu’on était quand même deux…
en tout cas, au moins deux victimes
de l’un des agresseurs.
Donc voilà, j’ai pensé à ça.
Rien à voir avec la question.
Je voulais juste dire ça
et je pose ça là.
[applaudissements]
Bonsoir.
J’ai une question au niveau des chiffres.
J’ai l’impression que le nombre
de victimes d’agressions sexuelles
et de viols
est beaucoup plus bas qu’on ne le pense
enfin, que je ne le pense
étant donné que j’ai eu beaucoup
de partage de ces cas
parmi mon entourage et mes amis
et que c’est beaucoup plus élevé que ça.
Je me demandais donc
si c’était vraiment lié à mon cercle
ou si c’est plutôt une question de…
d’avoir le courage de témoigner, de parler
qui fait que ce chiffre est si bas.
Très bonne question.
Je pense
que les deux effets se conjuguent.
Déjà, d’une part, les chiffres sont bas.
En fait, les chiffres qui sont cités
sont rattachés à une infraction pénale.
Le souci est
que beaucoup d’enquêtes portent sur
« Avez-vous été victime
de telle ou telle infraction ? »
Il faut que les gens puissent identifier
l’infraction et ce qu’elle cache.
Les enquêtes montrant des chiffres
plus élevés que ceux que vous avez vus ici
insistent sur une situation.
« Est-ce que vous vous êtes
déjà retrouvé dans une situation
où vous avez accepté un rapport sexuel
dont vous n’aviez pas vraiment envie ? »
« Est-ce que vous vous êtes déja dit
que vous alliez avoir un rapport sexuel
histoire d’en finir
et pour qu’on vous laisse tranquille ? »
Et en fait, quand on décline
la question du viol
sous l’ensemble des situations
qui peuvent se cacher derrière
généralement on obtient
beaucoup plus de réponses positives.
Le souci est que ces enquêtes
se font généralement
sur une qualification pénale.
Alors, quand on est habitué
à travailler avec le droit
par exemple, quand on parle de viol
on a tendance à voir
et encore, pas tellement
car on a l’image d’un viol
qui est souvent commis avec la contrainte
mais tout ce qui relève
de la menace ou de la surprise
des formes de contraintes
beaucoup plus souples
qui ne sont pas directement physiques.
On a souvent
plus de mal à identifier la situation
mais c’est très vrai
pour le harcèlement sexuel.
Quand on intervient en formation,
on fait un point juridique
on parle des principales infractions
et on demande
« Qu’en savez-vous,
quels exemples pouvez-vous donner ? »
et pour le harcèlement sexuel
les gens ont une image assez succincte.
Il s’agit de contacts
sur des parties du corps
sexuelles ou non.
Ils ont une idée de répétition
mais ils n’ont pas idée
que ça peut aussi être des propos
que ça peut être une attitude non-verbale
le fait de poser des questions intrusives
ou de recevoir ces questions intrusives
d’exposer, d’imposer des confidences
sur sa vie sexuelle
de dévisager quelqu’un du regard
de changer son fond d’écran
par une image à caractère pornographique.
Là, je fais référence à des situations
que l’on a pu suivre au CLASCHES
tout ça compte comme du harcèlement sexuel
mais quand on pose la question
les gens ont du mal à le voir.
Il y a un effet de déclaration
un effet de conception de l’enquête
et il y a aussi un effet de déclaration
et de sensibilité à ces questions.
Nous, quand on intervenait
la plupart de nos militantes venaient
des sciences humaines et sociales
donc, au départ, on intervenait beaucoup
dans ces facs-là
et on nous demandait
si les violences sexuelles et sexistes
étaient plus fréquentes
en socio, en histoire ou en anthropo
que dans les autres filières.
Nous, notre réponse
c’est que des facteurs de précarité
y existent certainement
car, par exemple pour la relation de thèse
dans un labo de sciences dures
dans lequel on a vraiment
une notion d’équipe, de l’expérimentation
donc un encadrement qui se fait par équipe
un nombre de bureaux qui est suffisant
et qui permet aux chercheurs
de travailler sur place
ça ne donne pas lieu aux mêmes violences
que le cas d’une thèse
en sciences humaines et sociales
où l’on rencontre son directeur de thèse
dans des espaces privés, au café, chez lui
parce qu’il n’y a pas assez de bureaux
parce que généralement
les doctorants et doctorantes
travaillent dans des bureaux collectifs
donc pour un rendez-vous seul à seul
on va en dehors de l’université.
On a donc plein de situations
qui laissent prise à des violences
et plein de choses s’expliquent
par les disciplines
par le fait qu’on avait
en sciences humaines et sociales
des professeurs des universités
ou des directeurs de recherches
qui étaient majoritairement des hommes
face à des étudiantes
majoritairement femmes
donc le sexe-ratio était très défavorable.
Il y a des effets de disciplines
mais aussi le fait que dans ces filières
sur la question des violences de genre,
des formes qu’elles peuvent prendre
une sensibilisation a été faite
là où ces sensibilisations
commencent dans d’autres filières.
Typiquement, vous entendez au tout début
du reportage de Charlotte Espel
elle cite un extrait du journal qui dit
que CentraleSupélec se rend compte
qu’il y a
des violences sexuelles ou sexistes.
Pour vous donner un ordre d’idée
l’avant-veille de cet article du Monde
qui revient sur la question
des violences sexuelles ou sexistes
j’étais juste en face à SupOptique
pour former les étudiants et étudiantes
et il se trouve que
en sortant de la formation
on tombe sur une personne
qui était censée organiser
ce type de formation à CentraleSupélec
et on a eu droit à un discours
absolument hallucinant
sur le fait que
les violences sexuelles ou sexistes
c’est le monde du privé
que dans les écoles d’ingénieurs
on est recruté dans des milieux favorisés
qu’il n’y a pas de ça dans ces milieux
que le harcèlement sexuel
n’existe pas vraiment
car ça tombe dans une zone grise
et qu’il n’y a que la question du viol
qui se résume à une question de contrainte
et surtout de contrainte physique
et qu’il faut voir le rôle de l’alcool
car l’alcool peut être pour l’agresseur
une circonstance atténuante
car quand la victime a bu…
C’était hallucinant.
On avait l’impression
qu’elle vivait hors du monde dans lequel
je sensibilisais depuis plusieurs années
et alors, ce discours-là a changé
parce qu’il se trouve qu’en parallèle
des collectifs ont recueilli
la parole d’étudiantes
ont porté cette enquête
et ont visibilisé l’existence
de violences sexuelles
sans surprise à CentraleSupélec
mais on avait vraiment l’impression
que ça n’existait pas
et là où dans des filières
de sciences humaines et sociales
ce discours-là commençait déjà à s’effacer
il restait encore très, très présent
dans les écoles d’ingés, par exemple.
Et donc on a vu progressivement,
au fil des scandales
au fil des révélations,
sauter ces discours-là.
Petit à petit, ces verrous sautent
et on constate que même
dans des filières où on n’allait pas
et qui forment vraiment
des sortes de sous-cultures très cohésives
où l’on ne veut pas trop
voir ce qu’il se passe
ce discours sur
les violences sexuelles ou sexistes
le fait que ça existe,
quelles formes ça peut prendre
ça commence à s’infiltrer petit à petit
et c’est une très bonne chose.
Moi, je voudrais rajouter
que je pense que depuis 2017
par rapport aux victimes
les choses se font progressivement
qu’il y a vraiment des étapes
et qu’il ne faut pas oublier
que dans le stress post-traumatique
beaucoup de victimes
sont en amnésie traumatique
pendant de nombreuses années.
Donc si vous faites le questionnaire
pendant une amnésie traumatique
la victime ne va pas répondre
« Oui, oui, j’ai été violée. »
Je pense qu’il y a une part de déni
il y a une part de temps aussi
de temps de la société
qui est de plus en plus sensibilisée à ça.
Il y a aussi cette idée
encore récemment
qu’être une victime, c’est être fragile
et que, de fait,
tu ne vas pas montrer ta fragilité
tu ne vas pas dire à une enquête
que tu as été victime
parce que c’est une preuve de fragilité
que dans la société, il faut être fort
il ne faut pas se montrer
en tant que victime.
Et puis, c’est aussi très réducteur
quand on est une victime publiquement
et quand on est artiste et victime,
on est juste une victime.
Quand on est une femme artiste
on n’est déjà rien
mais si on est une femme artiste victime
on est juste une victime.
Ça dissuade de dire qu’on a été victime
quand on répond à ces questionnaires.
Donc moi aussi
je pense qu’il y a beaucoup plus…
Moi, je parle tous les jours
avec des personnes
que je rencontre n’importe où
dans tous types de lieux
et je vois des femmes de 60 ans
qui n’ont jamais dit à personne
qu’elles ont été violées
et qui me le disent
à moi.
Et moi, j’ai presque l’impression
que c’est quasi toutes les femmes.
Donc, je pense que les chiffres
d’une étudiante sur 20 pour les viols
ne sont pas justes.
Je pense qu’il y en a plus.
Après, voilà, il faut savoir que…
qu’il y en a quand même
au moins 1 sur 20
qui a conscience
et qui a répondu honnêtement
au questionnaire.
Et ça donne quand même
une certaine objectivité, je trouve
d’avoir ces chiffres.
Et ça permet aussi de forcer
les universités à prendre en compte…
Donc ces chiffres sont importants
mais ils sont sans doute sous-évalués.
Ce que montrent ces chiffres
et ce qui est important
c’est que les violences augmentent
avec le parcours universitaire.
Là où, en fait, pendant…
C’était souvent le cas dans les formations
où on avait à la fois
des enseignants et des étudiants
des enseignants-chercheurs
quittaient parfois la salle en nous disant
« Les violences sexuelles et sexistes
c’est un truc d’étudiants.
Les soirées étudiantes,
l’exhibition sexuelle
les étudiants bourrés et caetera. »
Quand on a ces chiffres, on se rend compte
que les violences augmentent
et s’aggravent
en passant de la licence au master
et encore plus du master au doctorat.
Cela permet de se rendre compte
que notre image est peut-être biaisée
et que ce ne sont pas forcément
les soirées étudiantes
mais, et c’est ce qui est expliqué
dans le documentaire
que ça se noue beaucoup dans
des relations de compagnonnage
comme la direction d’un mémoire
ou la direction d’une thèse.
Et ce qui invisibilise,
alors il y a un effet collectif
mais aussi un effet de la part
des universités en tant que telles.
Pour vous donner un exemple
dans les procédures disciplinaires
qui se déroulent
au sein des établissements
il y a quelques années
et quand je vous dis
« il y a quelques années »
c’est encore pour des jugements récents
mais c’était vraiment la norme
il y a encore 3-4 ans
On avait des étudiantes qui osaient
témoigner auprès de leur université
des violences qu’elles avaient vécues
de la part de leur directeur de thèse
Ça allait de l’invitation au resto
à la relation d’emprise
qui durait plusieurs années.
Elles témoignent de ces faits-là
et une fois devant la section
disciplinaire de l’établissement
celui-ci affirme
que les deux personnes étaient majeures
et que l’étudiante pouvait quitter
la direction de thèse mais ne l’a pas fait
donc quelque part elle cherchait
ou elle voulait ce type de relation-là.
On considère alors que la relation
est entre deux majeurs consentants
et qu’il n’y a donc pas de souci.
On allait des fois même plus loin.
Par exemple, une étudiante a vu
son cas passer en section disciplinaire.
Son directeur de thèse
l’invite au restaurant.
Elle va au restaurant avec lui,
elle est très mal à l’aise.
Il l’embrasse de force,
elle dit que ça l’a mise très mal à l’aise
mais qu’elle n’a pas su réagir,
ayant très peur des conséquences.
Elle dit avoir été très mal à l’aise
la preuve en est qu’elle témoigne
en procédure disciplinaire.
L’agresseur dit ne pas avoir
remarqué qu’elle était mal à l’aise.
L’institution conclut qu’on ne peut pas
savoir qui était à l’initiative du baiser.
C’est un peu parole contre parole.
En l’occurrence, aucune règle
dans l’institution n’interdit
à un enseignant d’inviter
l’une de ses étudiantes au restaurant.
Comme il n’a enfreint aucune règle,
ce monsieur a été relaxé.
Actuellement, ça fait plus partie
de l’exception que de la règle.
Maintenant, quel que soit
le degré de consentement de l’étudiante…
La plupart des étudiantes nous disent
que ça a eu un énorme retentissement
sur leur scolarité
leur carrière,
avec de lourdes conséquences.
Mais pour les étudiantes
qui sur le coup disaient oui
car elles étaient sous emprise
et très isolées
et que leur directeur de thèse
s’intéressait à leurs travaux
même pour ces étudiantes-là,
l’université va dire :
« Le directeur de thèse n’avait pas à nouer
ce type de relation-là avec son étudiante
quel que soit le degré de consentement
ou les conséquences engendrées.
À ce titre
en tant que fonctionnaire
et ayant une autorité sur l’étudiante
il devait conserver
la distance nécessaire. »
Ces jugements sont
très importants pour nous.
Donc maintenant,
ça fait plus partie de la règle
mais encore très récemment,
dans quelques établissements
on considérait une relation de thèse
entre deux adultes totalement consentants
sans tenir compte de la différence
absolument énorme en termes de hiérarchie.
Merci beaucoup.
Moi j’aimerais revenir sur le passage
dans le film concernant le prof HDR
qui a réussi à avoir son HDR
alors que l’université était au courant.
Ça fait écho à certaines réflexions
qu’on a entre collègues doctorantes
et doctorants et autres titulaires,
je ne voudrais exclure personne
sur le fait qu’on a des encadrants
n’ayant pas nécessairement
de formation d’encadrement
en tout cas pas forcément
obligatoire à ma connaissance.
Je trouve ça quand même très problématique
au-delà même
des violences sexistes et sexuelles
sur des rapports de domination.
Cet exemple est quand même
particulièrement frappant
car il montre aussi l’omertà
institutionnelle sur ce sujet
sur le fait que les collègues le sachent
mais il obtient quand même son HDR
et je trouve ça assez frappant.
Est-ce que je…
Oui, cet exemple-là
est absolument hallucinant.
Vous avez eu un peu le déroulé
mais je vais vous détailler l’histoire.
En effet, une enquête administrative
a été engagée contre ce monsieur
qui par ailleurs
s’apprêtait à soutenir son HDR.
Le Covid arrive, suspend l’HDR
et l’enquête administrative.
Puis, après le Covid, l’HDR reprend
mais pas l’enquête administrative.
C’est à ce titre-là qu’on a écrit
une lettre ouverte aux membres du jury
et à la direction de l’université
pour demander de reprendre
la procédure administrative.
De mémoire, dans notre lettre ouverte
on demande
que la lumière soit faite sur des faits
qui, dans les témoignages, s’apparentent
à des faits de harcèlement sexuel
et on demande à l’université de statuer
donc de mettre en lumière ces faits
en menant la procédure jusqu’au bout
et que les gens qui mènent cette procédure
puissent statuer en connaissance de cause.
Soit une sanction est arrêtée
soit ils ont au moins les conclusions
de cette enquête pour pouvoir statuer.
Ça ne fonctionne pas, donc l’université
ne reprend pas la procédure administrative
et en effet ce monsieur
est habilité à diriger des recherches.
Ce qu’il faut savoir
sur cette lettre ouverte
c’est qu’on l’a envoyée
aux membres du jury HDR.
Une seule personne dans ce jury HDR
n’avait pas connaissance de ces faits-là
et, après avoir été mise au courant,
a choisi de ne plus siéger dans ce jury.
Elle ne voulait pas siéger dans un jury
d’un homme sous le soupçon de ces faits.
En plus, on a des moyens
assez simples de les investiguer
donc on a les moyens de faire que
l’enquête se poursuive jusqu’à son terme.
Certains autres membres de ce jury
nous ont envoyé
des courriels très sympathiques
pour nous dire qu’il faut
séparer l’homme de l’artiste.
Une habilitation à diriger des recherches
c’est selon eux une manière de saluer
l’excellence d’une carrière scientifique
c’est une manière
de saluer un parcours de recherche
et ce n’est en aucun cas
là pour regarder ce qui se passe
du côté de la qualité de l’encadrement.
Donc même s’il a commis des VSS
sur des étudiantes
dont il était responsable
les témoignages proviennent
d’étudiantes dont il encadrait le master
donc même s’il a commis
des violences sur ces étudiantes
cet élément ne sera pas pris en compte
quand on attribuera ou pas l’HDR.
Et comme vous l’avez souligné,
c’était il y a quelques années
le jugement définitif
est intervenu il y a 2 ou 3 ans.
Donc ce sont des personnes
qui sont encore en poste et qui…
Certains se demandent si on doit séparer
ce qui fait l’excellence d’un chercheur
de la manière
dont il encadre ses doctorantes.
Pour nous, c’est absolument
impossible de séparer les deux
et il faut donc absolument
tenir compte de ces éléments-là
de si une personne est capable
d’encadrer correctement ses doctorantes
d’encadrer correctement
les étudiantes dont il est responsable
pour lui attribuer l’HDR.
Plus généralement,
la question de la formation.
Non, il n’y a pas de formation obligatoire
pour les personnes habilitées
à diriger des recherches
ou qui vont l’être.
Il y a quelques universités,
on en parlait encore cet après-midi
qui ont rendu ces formations obligatoires.
D’après les retours qu’on a eus,
ça a été très compliqué à mettre en place
et les chargés de mission ayant plaidé
pour rendre ces formations obligatoires
ont dit s’être pris
un énorme retour de flamme
en voulant rendre ces
formations obligatoires.
Ça a été très mal vécu
par ces personnes qui étaient
habilitées à diriger ces recherches
en disant que…
Alors, je prends les paroles les plus…
les plus représentatives
des courriels qui ont été reçus
mais ça portait atteinte aux traditions
qui existaient depuis longtemps.
Il y a des traditions de camaraderie
de manière à nouer une bonne entente
entre le directeur
et la personne dont il est responsable.
On passe pour la police des mœurs
qui s’introduit dans ce type de relations.
Mention spéciale
pour les encadrants en médecine
qui se sont montrés très virulents
vis-à-vis de ces formations.
Donc non, ces formations n’existent pas
ou plutôt, elles existent de manière
très sporadique dans les universités.
Le ministère de l’Enseignement supérieur
et de la Recherche
nous apprend que c’est très compliqué
de rendre ces formations obligatoires
même si ça nous semble
en tant que doctorants, doctorantes
ou personnes familières à ces situations
ça nous semble évident que ces personnes
soient formées à l’encadrement.
Des formations existent pour
les personnes en situation d’encadrement
des formations ouvertes.
On a une université dans le sud
de l’Île-de-France qui a mis ça en place
pour former toutes les personnes
qui ont à encadrer d’autres personnes.
Selon la chargée de mission
qui a mis ça en place
ces formations marchent plutôt bien
mais seulement parmi les plus précaires.
En fait, ce sont les post-doctorants
qui encadrent des étudiants en master
qui suivent ces formations
pour fournir un meilleur encadrement.
Par contre, ceux qui sont tout
au sommet de la hiérarchie universitaire
on ne les voit pas beaucoup
dans ces formations.
On voit l’heure tourner
et on se dit que peut-être
s’il y a encore une question…
Voilà, une dernière question
avant de conclure cette soirée.
Bonsoir, j’ai une question
concernant la procédure disciplinaire.
Je m’interrogeais un peu sur les étapes
concrètement, comment ça se passe
quand le collectif intervient ?
Est-ce qu’un signalement est fait
directement à l’université au départ
peut-être en préservant
l’anonymat de la personne ?
Est-ce qu’il y a aussi des référents VSS
au sein des universités ?
Ça touche beaucoup
au Ministère de l’Éducation nationale
et aussi dans une autre sphère
donc ça m’interroge.
Puis, sur le lien éventuel
avec la justice et les avocats.
Voilà, j’ai plusieurs questions
à ce sujet.
Merci.
Super question qui peut nous emmener
très loin dans la soirée.
La procédure disciplinaire,
c’est très simple.
La seule personne habilitée à engager
cette procédure au sein d’une université
c’est le président de l’université.
Ce ne sont pas
les mêmes motifs qu’au pénal
il ne va pas poursuivre quelqu’un
pour viol ou harcèlement sexuel
mais il va poursuivre quelqu’un,
par exemple un étudiant
qui a porté atteinte
au bon fonctionnement de l’établissement
ou un enseignant-chercheur
dont le comportement est contraire
à la déontologie universitaire
aux devoirs attendus d’un fonctionnaire
en termes d’intégrité, de probité,
de neutralité et ainsi de suite.
Donc en fait c’est un employeur
ou un chef d’établissement qui poursuit
quelqu’un pour une faute professionnelle
étudiant comme enseignant-chercheur
ce qui change un peu les choses.
Dans cette procédure,
la victime n’existe pas
elle est juste témoin de ce manquement.
Elle a un vrai statut au pénal
mais pas vraiment au disciplinaire.
Donc qu’est-ce que ça veut dire ?
Comment engage-t-on cette procédure ?
Quiconque peut envoyer un témoignage
au président de l’université en disant
« Cher président de l’université,
voilà les faits dont j’ai été témoin.
Voilà ce dont j’ai été victime, mais on va
me considérer simplement comme témoin.
Pour moi, il porte atteinte
au bon fonctionnement de l’établissement
ou il manifeste une atteinte
à la déontologie universitaire.
À ce titre, je demande que
vous poursuiviez Monsieur Untel. »
Ce que peut faire
le président de l’université
c’est demander à la section disciplinaire
de son établissement
composée d’élus enseignants-chercheurs
ou étudiants au sein de l’université
de juger la personne.
Ils instruisent les faits puis les jugent.
Cette section est composée de gens
de rang égal ou supérieur
à la personne qui est mise en cause.
Un étudiant sera jugé par des étudiants,
maîtres de conférence et PU.
Un PU ne sera jugé
que par des professeurs des universités.
Ces gens-là vont voter une sanction
qui est appliquée immédiatement.
Alors après, il peut y avoir
des cas d’appel.
Et donc plus concrètement ?
Comment est-ce qu’on intervient ?
Dans un certain nombre…
Maintenant, les dispositifs de lutte
contre les violences sexuelles et sexistes
sont obligatoires dans les universités.
Ça ne veut pas dire
que ça fonctionne bien.
Ça fonctionne bien
dans un certain nombre d’universités
parce qu’il y a des personnels formés
et des moyens alloués.
Après, ces missions Égalité
sont souvent des postes
parfois occupés
par des enseignants-chercheurs
qui font ça en plus de leur charge
d’enseignement et de recherche
avec des moyens parfois dérisoires.
Donc il faut pouvoir avoir le temps
l’envie de se former
et de prendre ça en charge.
Dans les cas
où l’établissement fonctionne plutôt bien
on peut s’appuyer sur la mission Égalité
sur le dispositif de lutte
et on peut par exemple
demander à ce que la victime
aille voir ce dispositif localement
qui va signaler les faits
au président de l’université.
Il va ensuite décider ou non
d’engager une procédure disciplinaire.
En vrai, engager une première enquête
qu’on appelle une pré-enquête
une enquête interne où l’on va voir
s’il y a des faits ou non
et, sur la base de cette enquête
engager une vraie procédure disciplinaire.
Mais ça ne fonctionne pas
dans certains établissements
où la chargée de mission est débordée
n’a pas les moyens
et fait face à un afflux de témoignages.
Dans ce cas-là,
c’est nous qui prenons un peu le relais.
On transmet les témoignages
au président de l’université.
Parfois, c’est mieux pour nous
de fonctionner comme ça.
Quand je dis « pour nous »
c’est souvent pour la victime
et pas juste le collectif
parce qu’il peut y avoir
des rapports de force
qui mettent en difficulté
une chargée de mission
quand elle doit imposer les choses
au président de l’université
qui peut très bien faire la sourde oreille
et dire : « Ça ne me concerne pas. »
En tant que collectif féministe
on est indépendant de toute université.
Quand on écrit un courrier
au président de l’université
généralement on ne lâche pas.
C’est-à-dire qu’on tient fermement
à avoir une réponse
d’ouverture de procédures disciplinaires
ou, si ça ne s’ouvre pas,
à avoir d’autres moyens de recours
qui existent pour obtenir
l’ouverture de cette procédure.
Donc, comment ça se passe ?
Ça dépend de la volonté des victimes
et de ce que l’on sait
de la situation locale.
Si l’on a un dispositif
qui est bien et fonctionnel
on peut faire confiance
à ce dispositif-là
pour que les faits remontent
jusqu’au président.
Dans le cas où ça fonctionne moins bien
on s’engage
dans un espèce de rapport de force
dans lequel il va falloir jouer
de plusieurs leviers.
Et c’est là où l’intérêt d’être suivi
par quelqu’un, un collectif extérieur
peut avoir une importance.
Ce qu’il faut rappeler
et c’est votre seconde question
sur le lien avec la justice pénale
donc la place des avocats
et de la justice pénale
c’est que ces procédures disciplinaires
sont indépendantes des procédures pénales
et que vous pouvez engager
l’un ou l’autre ou les deux.
Mais vous pouvez très bien
choisir de vous en remettre
à la justice disciplinaire
de votre établissement
et de ne pas porter plainte.
Il ne peut pas vous obliger
à porter plainte
pour passer en disciplinaire,
c’est interdit.
Les deux procédures sont indépendantes.
On peut très bien avoir des victimes…
La majorité des victimes
que l’on suit ne portera jamais plainte.
Elles savent comment elles seront reçues
dans un commissariat.
Il y a donc peu de chances
que leur plainte aboutisse.
Ça va leur demander de l’argent, du temps
et ce n’est pas ce qu’elles veulent.
Souvent elles ne portent pas plainte
et veulent surtout
engager une procédure disciplinaire.
Cela étant, il y a des cas d’interférences
et vous faites bien de poser la question.
Il y a des cas d’interférences
entre justices pénale et disciplinaire.
Premier cas, le disciplinaire
peut très bien dire :
« Je choisis de ne pas statuer
tant que la justice pénale
n’a pas tranché. »
Ce qui est dramatique pour nous
car on a une victime qui dépose plainte
et il va y avoir des années et des années
avant que la plainte ne soit…
avant qu’une enquête ne soit ouverte.
Souvent, elle est classée sans suite
et pendant ce temps, il ne se passe rien
du côté de l’université.
Deuxième cas, c’est lorsque l’on demande
aux fonctionnaires de l’université
de reporter les cas à la justice pénale.
Ici, c’est une quasi-plainte.
C’est comme si l’université
portait plainte à la place de la victime.
C’est une obligation
mais il y a plein de manières
de s’arranger avec cette obligation.
Le CLASCHES a une position
très défavorable à ce sujet
en tout cas,
sur son caractère systématique.
C’était souvent fait
dans le dos des victimes.
Les établissements disaient :
« Oh là là ! C’est grave effectivemment !
On va le signaler à la justice pénale. »
C’est un peu une manière
de s’en laver les mains.
C’est-à-dire qu’on ne fait pas grand-chose
du côté du disciplinaire.
Par contre,
la victime devait ensuite assumer
la responsabilité d’une procédure pénale
qu’elle n’avait pas choisie
qui est extrêmement violente,
car synonyme de confrontation.
Plein de choses se jouent au niveau pénal
mais pas au niveau disciplinaire.
Les deux sont donc indépendants
mais il faut prendre en compte
ces risques d’interférences.
Si vous avez des questions là-dessus,
on peut tout à fait vous accompagner.
Je vais compléter, vu que c’est la fin.
Je voudrais juste rajouter
que j’ai demandé à…
Charlotte, qui aurait aimé être là
mais qui est en congé maternité
ce qui était le plus important
et quel message elle voulait partager.
Et du coup…
Oui, la commission disciplinaire
est une possibilité.
Oui, la plainte au pénal
est une possibilité.
Mais ce qu’on a à cœur de dire…
ce que Charlotte a à cœur de dire
c’est que la priorité
c’est vraiment
le suivi psychique des victimes
que tout ça reste des choix
et que les victimes
qui n’ont pas de suivi psychologique
et qui laissent passer
ça finit par revenir
et…
on incite vraiment les victimes
à avoir un accompagnement de qualité
avec une psychologue féministe.
Alors bon.
C’est pas forcément
marqué sur la tête des psychologues
mais vous voyez ce que je veux dire.
Et je pense que…
si on est un petit peu dans le déni
qu’on essaye de se dire
comme le disait
l’étudiante anonyme de la Sorbonne :
« Il faut que je sois forte,
je suis au-dessus de ça. »
On peut y arriver pendant un mois,
deux mois, six mois, un an, deux ans.
Il y a un moment où ça a un impact.
Alors ça dépend des victimes,
ça peut être plus ou moins sévère
ça peut être un impact
de handicap à 100% à vie
ou être quelque chose de plus léger.
Donc ça dépend vraiment
des victimes, du parcours personnel
de la construction psychique
de l’entourage des victimes.
Je voulais aussi dire…
qu’on nous décourage parfois de parler
même des personnes de l’université.
Je sais que l’on m’a dit :
« Oui, oui je te crois
mais fais attention
ton agresseur est en couple
avec une enseignante-chercheuse féministe.
Alors ne parle pas. »
Et finalement,
est-ce qu’on l’a dit pour moi ?
Pour lui ?
Pour la fac ?
Ou pour cette enseignante ?
Je n’ai pas trop compris
ce que ça voulait dire.
Et voilà…
L’autre chose,
c’est qu’il y a de plus en plus
de répression envers les victimes.
Notamment récemment à La Rochelle,
où une victime a été condamnée.
Donc c’est la chasse aux sorcières,
ici les victimes.
On ne condamne pas des violeurs,
on condamne des victimes
parce qu’elles parlent.
Et…
je voudrais dire
qu’il faut continuer à parler
même si on a de plus en plus peur.
Il faut parler.
Même si les associations vont dire…
enfin certaines ou les FAGEs vont dire :
« Pas sur les réseaux, pas là,
pas comme ci, pas comme ça. »
Voilà, je suis un peu radicale
et encourage toutes les victimes à parler
à parler, parler, parler.
Le mieux c’est de parler
avec des personnes…
qui connaissent ce sujet
et qui vont être entourantes,
vont dire les bonnes choses.
À savoir : « Je te crois.
Tu n’as pas à te sentir coupable.
À aucun moment c’est toi qui l’a cherché. »
Des choses comme ça.
Il faut savoir que
dans les milieux du théâtre, du cinéma
on nous dit : « C’est une comédienne. »
Vous voyez, Judith Godrèche, et caetera.
Alors ça va être soit
dans l’histoire du cinéma
une actrice doit coucher
avec un réalisateur pour avoir un rôle.
En fait, le…
C’est le processus
de la carrière d’une comédienne
ce qui est un petit peu étrange.
Et puis après il y a tout ce qui est :
« Puisqu’elle a des capacités de…
d’interprétation… »
Par exemple, Angelina Jolie, on a dit :
« Ah ! Mais c’est une comédienne. »
Donc puisqu’on est capable
d’être comédienne
dans le cadre de notre travail
quand on dit qu’on a été agressée
dans notre vie personnelle
on est, là, en train de performer
notre capacité d’interprétation.
Parce que vous voyez
on n’est pas capable
de réussir en tant que comédienne
dans notre travail artistique
mais on est capable de réussir
en tant que comédienne
dans notre vie intime et publique
et on arrive à manipuler des psychiatres
on arrive à manipuler des gens
nos proches
et les gens sur les réseaux sociaux
parce qu’on est des féminazis
et que ça nous arrange bien
qu’on veut se venger d’un prof
qui nous a mis une mauvaise note
grâce à nos talents d’interprète.
Il faut vraiment
déconstruire ces mythes-là.
Franchement, ça continue à perdurer.
Bien sûr,
c’était pire quand j’étais étudiante
entre 2008 et 2014,
c’était pire qu’aujourd’hui
mais ce sont des mythes
qui existent encore
et je ne sais pas
combien de temps ça prendra
pour que ces mythes soient défaits
et que ce ne soit pas d’emblée
l’hystérique lamenteuse
dès que quelqu’un rapporte un fait.
On va vous remercier toutes les deux
Enora et Joséphine.
Merci pour votre présence ce soir
et pour ces films.
Merci aussi à vous tous et toutes
d’avoir été présents ce soir
pour cette soirée
à l’occasion de la journée du 25 novembre
et aussi du Mois du film doc.
Ça nous tenait à cœur de le présenter
dans le cadre de ce moment.
De présenter le film d’une femme
dans le cadre
du Mois du film doc sur ce sujet.
Je laisse la parole à Sarah
qui a des informations à vous donner.
Alors, juste pour vous dire que…
on mis en place un mook
qui est disponible en ligne sur Cursus.
À la base, il s’adresse
à l’ensemble de la communauté étudiante.
Ça couvre différents aspects des VSS
la sociologie des VSS, les infractions
la présentation des différentes
procédures disciplinaires et pénales
aussi les ressources disponibles,
le rôle des associations étudiantes.
C’est un mook
qui dure à peu près 3-4 heures.
Je voulais juste rappeler
qu’il est disponible en ligne sur Cursus
et pour l’avoir parcouru
il est aussi utile
pour l’ensemble de la communauté
pas uniquement les étudiants.
Donc juste pour rappeler
qu’il y a cette ressource en ligne
de disponible.
Et aussi vous dire qu’à la sortie,
nos collègues de la BU Centrale
réalisent, à chaque Mardi de l’Égalité,
une petite bibliographie
sur les thèmes qui sont abordés
lors des différents Mardis
et donc qui présente
toutes les ressources
qui sont disponibles à la BU.
N’hésitez pas à la prendre.
Merci à chacun et chacune
et bonne soirée.
[applaudissements]
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